SAMEDI
Un des premiers évènements fun c'est quand même d'avoir capté le fils du maire de vaison (oh le qualifactif relou), étudiant à Mc Gill, "les vaisonnais à Montréal" donc... projets divers autour d'une bière. Alliance avec Mc Gill en marche...
A ce moment là je reçois un mail de J.H (j'apprendrai plus tard que le collectif forbidden planet est en fait représenté par des ex/étudiants de mc gill en musique...) qui nous donne l'adresse pour la soirée, suite 402 dans un immeuble de bureaux à louer. Amenez votre alcool, amenez autre chose, si vous venez en pantalon et tee-shirt manches longues, ce sera votre faute s'il fait trop chaud.
Après un apéro chez Jay Bee on y file en taxi.
Note : non je ne me suis pas encore transformée en jérémy tassan québécois : pas d'appareil en soirée, les photos et vidéos sont par conséquent en basse qualité iphone.
Je rentre dans l'appart et suis complètement emballée, enthousiasme enfantin pour des fauteuils, partout, une table immense, des gens qui fument, des palmiers, des ventilateurs géants, une déco cinématographique, enfin photogénique quoi, et la vue sur la petite italie derrière les platines. Je me dis "mais comment ?! pourquoi il ne savent pas organiser des trucs qui ont de la gueule en France?"
We dance, longtemps. Tout le monde est high, ici on dit "gelé". Acid live machine de T, un petit mec (mc gill signé sur forbidden) qui finira torse nu et (con)gelé, sans grande surprise... D'Marc Cantu live aussi avec korg et laptop, et porte un tee-shirt de circonstance. Avant de jouer, je le vois bailler derrière le ventilo.
On me propose de la coke une, deux, trois fois. Y'a plein de grands mecs blonds et musclés, en débardeur, qui touchent le cul de leurs copains, ça transpire à grosses gouttes et c'est gai.
Un grand chauve me pousse vers la table où sont posées les technics, me coince, m'attrape les seins avec confiance. Dégoutée, figée, sans grand réflexe, je vire juste sa main avant d'aller me cacher derrière le fameux ventilateur : beurk. Ca joue de la techno dark, trop souterraine, peut être. D'autres fatiguent. Et puis là, gipsy woman (à 3:32), le track qu'on écoute dans sa chambre, mais aussi camargue (4:23, r&s recordings, ma sonnerie de téléphone), transportée d'un seul coup à la maison, j'oublie tout. Je dis "je me drogue à la musique moi tu sais". On me met en garde : je ne trépigne pas assez, je ne souris pas vraiment, "i'm into the music" je réponds. Charly me donne un coup de tête, et en plus il est mouillé comme un diable. Il s'excuse, me demande mon prénom (c'est là que j'apprends le sien), et me redonne un coup de coude "i can't stop kicking you". En même temps, il fait 2 mètres (blond en marcel) et, le kick est à l'honneur ce soir.
Peak time, les ombres noires des corps agglutinés me rappellent, évidemment, toutes les autres soirées de ma vie. Les lieux diffèrent et les comportements restent. Je comprends.
La force du dancefloor n'a pas à voir avec la drogue à mon sens, et je déplore toujours la perte de lucidité, totale j'entends, de certains. Il n'est dès lors plus question de musique.
Je m'agrippe tant que je peux à ce que j'aime, les sons, la technique des Djs présents, et me rappelle ce livre, lu cet été :
"Le cœur des ténèbres pompe entre les piliers rythmiques des sons effrayants de nouveauté. Impossibles à localiser, ils semblent extraits d'un secret mélange d'ambiances et d'humeurs, qui n'existent par ailleurs à l'état de bandes-son que dans l'inconscient des hommes, dans leurs tristes rêves, leurs moments de désespoir et de solitude. Les sons rendent l'angoisse audible, offrant par là une bien étrange sorte de délivrance."
Une lumière verte s'allume au fond de la salle, on coupe brutalement la musique (un back to back plutôt agréable avait repris), une alarme stridente retentit alors. L'alarme anti incendie, bien sûr : tout le monde fume. Les pompiers arrivent, "the party is finished" nous lance le bossman brutalement.
L'appart se rallume.
"Sans confiance, il ne peut y avoir aucun progrès, aucune réforme, aucune révolution, aucun lever de soleil. Après que l'esprit des lumières au service du présent soit devenu "une imposture totale pour les masses", l'application de cet esprit se réalise dans la musique des ghettos (bon ok on en est loin avec les gars de mc gill). L'horizon de la liberté est infini, et la petite lumière de la culture Dj brille d'une lueur sans cesse plus intense, elle donne espoir : de l'élan pour la rébellion."
C'est finalement dans un état très cérébral que je me retrouve chez moi (on split à nouveau le taxi). Je parle à mon Dj, qui porte déjà le soleil de midi sur ses épaules.
6h38 : un ordi, un bain, les pieds rougis parce que ouais, j'ai quand même dansé pendant 5 heures.
Les extraits cités proviennent de Dj culture, Ulf Poschardt, 1995, éditions kargo.
DIMANCHE
10h30, 4h de sommeil, réveil. Envoie de texto idiot pour se rassurer, savoir où on est, ah oui au Canada.
12h30, deuxième réveil. Moi, c'est le manque de ma famille que je ressens, je n'y peux rien je me dis, 6000 km et puis quoi ?! Tu les retrouveras.
16h. Départ pour mon premier piknic : Monika Kruze.
Comment passer d'une ambiance à l'autre en très peu de temps, soleil, vue incroyable sur la city ; l'emplacement du piknic sur l'île notre dame me tue. La sculpture (expo universelle de 67) est elle aussi franchement photogénique.
Lunettes de soleil, enfants. On respire un peu.
J'ai quand même droit au dragueur québécois (jay bee me disait la semaine dernière "tu verras c'est safe pour les filles ici ils draguent pas, il faut vraiment être démonstrative"), qui me demande si je le trouve cute tout en baissant ses lunettes pour que je vois qu'il a les yeux bleus, "t'as un copain, tu l'aimes?", je rigole doucement et m'en vais mettre les bras en l'air...
Monika tient son set, let's groove jusqu'à 21h30.
Buona notte
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.