Hier matin avec Vienneau, que j'écorche depuis longtemps en oubliant le e, nous avons longuement parlé de l'adaptation littéraire, avec mécanisme de double transfert : du livre au scénario, du scénario au film. On évoque la trahison, l'impossibilité d'un rendu fidèle car cinématographique.
L'exemple de Lolita de Nabokov a été choisi : mis en film en 1962 (période de transformation, après guerre) par Stanley Kubrick et en 1997 par Adrian Lyne (néo-classicisme hollywoodien).
Sue lyon en 62 et Dominique Swain en 97 font des Dolores Lola Lolita.
C'est un livre qui m'a beaucoup marquée - et j'ai pas lu énormément dans ma vie - peut être moins par la caractérisation du mythe de la Lolita, que par le passage à l'âge adulte. Puisque Lolita, c'est le drame, devient adulte, et vite.
Les premières phrases, je les connais par coeur, et les saurai encore dans 10 ans ; simplement, je ne pensais pas les réentendre un matin de novembre 2013 avec l'accent québécois :
" Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois, contre les dents.
Lo. Lii. Ta.
Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés.
Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita. "
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