En partant au Canada j'ai choisi de faire un break : j'avais accumulé pas mal de fatigue, ou de lassitude, en 7 années dans le système français. C'est vrai les classes de primaire (avant 11 ans) m'ont apporté des choses essentielles ; peut être qu'à cet âge là, on ne pense qu'à être fier d'avoir appris à lire ou à compter, mais après. Après mon attention s'est détournée. Quelques fois j'aimerais encore me retrouver devant ces problèmes de physique, de maths, et autres disserts : pendant 2, 3 ou 4h de devoir sur table, je ne me confrontais qu'à ça. J'ai toujours aimé les contrôles finalement, on ne pense pas à autre chose pendant un contrôle.
C'est drôle, parce que ce soir j'ai envie de dire au monde entier que je suis fière d'avoir eu une bonne note à mon examen sur le cinéma québécois. Moi, la petite française qui rime avec bourgeoisie et intellect, avec abandon, avec trahison, je sais que j'ai beaucoup à apprendre ici, et j'éprouve de la reconnaissance. Même s'il fait froid, même si le scénario est le domaine le moins sûr du monde professionel, même s'il est plus simple de cogiter que de faire des projets, que d'accepter les choix et les paris de ceux qu'on aime, que de faire confiance à la vie. Même si, même si, même si j'aurais aimé être astronaute.
A en analyse et visionnage de scénarios, A - en corpus de cinéma québécois. Merci Monsieur Vienneau.
Ce matin j'ai raté un visionnage pour cause d'insomnie. Ce soir, en cinéma québécois, l'identité : québécité, américanité. Le Canada est un pays d'Amérique, les québécois sont des américains. C'est territorial.
L'abandon de la France, la domination anglaise : rappel de la devise du Québec, que l'on retrouve sur les plaques d'immatriculation depuis 78 "je me souviens", provient en fait d'un assemblage "Je me souviens / Que né sous le lys / Je croîs sous la rose". Cela ressemble plus à une obligation de se souvenir, plutôt qu'à une volonté de se souvenir dit Vienneau. Et puis se souvenir de quoi en définitive ? Il n'y a pas d'enseignement d'histoire du Québec (oh correction je tape ça sur google et surprise : réforme à la rentrée 2014 au primaire et secondaire!), "on se souvient, mais pas trop".
La langue demeure le français, le québécois n'est pas un dialecte. Il y a bien sûr "les anglos", qui font peur aux générations "francos", "est-ce qu'on va disparaître ?" disent-ils, comme des ruines ensevelies sous le monopole anglais/étatsunien. Les québécois sont finalement les plus sujets à l'ensevelissement mondialiste, et à la perte totale d'identité. -CF : Voyage en Amérique avec un cheval emprunté de Jean Chabot, 87- Du coup, je comprends très bien les jeunes de mon programme, qui, instinctivement veulent rajouter des accents prononcés dans leurs scénarios, et éviter le français normatif qu'ils considèrent comme trop intellectuel pour leurs personnages. Cependant, en faisant ça, on risque de ghettoïser, et je n'ai jamais mieux entendu la pensée QUEBECOISE que dans les films de Denys Arcand : en français normatif avec accent québécois, sans besoin de sous titres. L'exemple de bienvenue chez les chtis en France est parlant, c'est ridicule, c'est éventuellement drôle, ça n'a pas de portée, c'est stigmatisé, et, il y a des sous titres. Dès lors je comprends pourquoi ma prof de scénarisation incite ses élèves à écrire dans les règles, avec des québécismes bien sûr, mais une grammaire française standard.
Ce soir Mike Vienneau nous a également parlé d'un sondage sur la guerre du Vietnam fait aux USA il y a 5 ans, 70% des sondés pensaient qu'ils avaient gagné la guerre du Vietnam en 75 : quand l'enseignement scolaire, et le cinéma, sont au service de l'identité nationale. Ce qui, au Québec, n'existe évidemment pas. Cela me fait penser cette partie du monde comme là où on possède la plus grande conscience de ce qui nous entoure, puisqu'il n'y a pas conscience d'une seule et même nation, simplement d'être au milieu de la terre.