Adaptation de Laclos Par Chistopher Hampton. Des acteurs québécois sans accent. Une mise en scène légère, efficace, et punchy avec plusieurs scènes de sexe explicites mais jamais obscènes.
Voici le fameux extrait intitulé "Ce n'est pas ma faute", de Valmont à Madame de Tourvel, traduit pertinemment dans la pièce par "C'est plus fort que moi". Cela représente ma foi une bien belle manière de rompre ; cependant, re-contextualisons quand même : Valmont quitte madame de Tourvel sous les ordres de madame de Merteuil, qu'il ne peut s'empêcher d'écouter par vanité et désir. Quelques temps plus tard Valmont se rend compte de son erreur et décède plus ou moins à cause de Merteuil, qui ne lui a pas succombé et a tout mis en oeuvre pour le réduire à néant. Avant de pousser son dernier souffle il avoue son amour pour Madame de Tourvel, qui a en réalité été le seul amour de sa vie, et décrit son bonheur de mourir pour ne pas avoir à vivre sans elle. Morale : il faut réfléchir avant de rompre ;) ? Bon, je pense que Les liaisons dangereuses présentent bien des morales, en tout cas c'est une oeuvre que je trouve intéressante, depuis les études classiques que l'on en fait au lycée (le roman épistolaire blablabla). Enfin je veux dire, les hommes et les femmes n'auront jamais fini d'être intéressants à travers leurs relations.
De Valmont à Madame de Tourvel, lettre 141 :
On s’ennuie de tout, mon Ange, c’est une loi de la Nature ; ce n’est pas ma faute.
Si donc je m’ennuie aujourd’hui d’une aventure qui m’a occupé entièrement depuis quatre mortels mois, ce n’est pas ma faute.
Si, par exemple, j’ai eu juste autant d’amour que toi de vertu, et c’est sûrement beaucoup dire, il n’est pas étonnant que l’un ait fini en même temps que l’autre. Ce n’est pas ma faute.
Il suit de là, que depuis quelque temps je t’ai trompée : mais aussi, ton impitoyable tendresse m’y forçait en quelque sorte ! Ce n’est pas ma faute.
Aujourd’hui, une femme que j’aime éperdument exige que je te sacrifie. Ce n’est pas ma faute.
Je sens bien que te voilà une belle occasion de crier au parjure : mais si la nature n’a accordé aux hommes que la constance, tandis qu’elle donnait aux femmes l’obstination, ce n’est pas ma faute.
Crois-moi, choisis un autre amant, comme j’ai fait une autre maîtresse. Ce conseil est bon, très bon ; si tu le trouves mauvais, ce n’est pas ma faute.
Adieu, mon ange, je t’ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret : je te reviendrai peut-être. Ainsi va le monde. Ce n’est pas ma faute.
Du 9 avril au 17 mai 2014, Montréal.
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